Le 1er juillet 2016, le Ministre bruxellois de l’Emploi Didier Gosuin lancera une nouvelle forme de contrat pour lutter contre le chômage des jeunes : le contrat d’insertion. Au bout de 18 mois de recherche infructueuse d’emploi, les jeunes bruxellois de moins de 25 ans se verront proposer une offre d’emploi d’un an leur permettant d’acquérir une première expérience professionnelle facilitant l’insertion et la stabilisation sur le marché de l’emploi.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Garantie jeunesse. Utiliser les fonds de la Garantie jeunesse pour créer de l’emploi et offrir la possibilité aux jeunes d’acquérir de l’expérience professionnelle est une initiative que le Conseil de la Jeunesse ne peut que saluer.
Néanmoins, le fait que les jeunes doivent attendre au moins 18 mois pour oser prétendre à un tel contrat témoigne, encore une fois, que les promesses formulées au niveau européen ne sont pas tenues dans le cadre de l’implémentation de la garantie jeunesse. L’Europe nous faisait miroiter qu’après 4 mois sans emploi, chaque jeune de moins de 25 ans se verrait offrir une proposition qualitative d’emploi, de formation ou de stage. Dans le cas des contrats d’insertion, il faudra au moins attendre 18 mois pour obtenir un contrat d’un an.
Par ailleurs, la question de la qualité de ces emplois subventionnés est à mettre en débat. S’il est prévu que les projets individuels des jeunes soient intégrés dans les processus de recrutement, le fait qu’un contrat à durée déterminée soit de nouveau promu comme un outil fort de lutte contre le chômage des jeunes démontre, une fois encore, que la durabilité de l’emploi n’est désormais plus considérée par nos responsables politiques. Or, dans une enquête réalisée par le Conseil de la Jeunesse, les jeunes ont clairement précisé qu’obtenir un CDI est un ingrédient essentiel pour un emploi de qualité.
Pour éviter aux jeunes d’être catalogués et discriminés sous la dénomination de « chômeurs de longue durée », il serait judicieux d’offrir ces contrats aux jeunes sans emploi à la suite de maximum 4 mois de chômage ou « d’inactivité », comme l’a recommandé le Conseil de l’Union européenne en matière de Garantie jeunesse. L’inclusion se trouve être au cœur des projets de contrats d’insertion. Garantir une offre qualitative d’emploi, de formation ou de stage à tous les jeunes et soutenir particulièrement les jeunes les plus éloignés de notre système d’insertion (les NEETs) sont les objectifs initiaux de l’instrument Garantie jeunesse.
Enfin, inclure la parole des jeunes dans l’élaboration de ce type de dispositifs aurait sans doute permis de lever le voile sur de nombreuses questions et de construire – ensemble – un projet collectif pour la jeunesse. Dans un contexte socio-économique qui ne laisse pas la chance à chacun de s’exprimer, consulter les jeunes et la société civile de manière générale, aurait été une chance pour le monde politique de recréer du lien avec les jeunes et de les intégrer dans les mesures qui les concernent au premier chef.
Au niveau wallon, la Ministre Tillieux a annoncé hier le lancement du Pacte pour l’Emploi et la Formation, en ce compris le contrat d’insertion qui devrait entrer en vigueur en janvier 2017. Il reste six mois à la Ministre pour entendre les revendications du Conseil de la Jeunesse. Le Conseil ne peut que regretter de ne pas être consulté par les Ministres de l’Emploi dans les questions qui concernent les jeunes, leur insertion socio-professionnelle et leur avenir.