Communiqué de presse

    Un examen d’entrée en médecine? Un écrémage social inacceptable pour le Conseil de la Jeunesse

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    2015 / 02 / 17

    Depuis la conférence de presse anticipée du Ministre de l’Enseignement Supérieur Jean-
    Claude Marcourt, le débat sur la sélection en médecine est de nouveau à l’avant plan. Divers
    acteurs ont pris position publiquement qu’ils soient académiques, étudiants, syndicalistes, ou
    membres de jeunesses politiques.

     

    Plus qu’un débat corporatiste, les conséquences sociales de l’instauration d’un tel système auront un impact négatif sur un nombre non négligeable de jeunes issus de l’enseignement obligatoire ou supérieur. Par ce communiqué de presse, le Conseil de la Jeunesse, organe de représentation des 400.000 jeunes francophones, tient à réaffirmer son opposition ferme à l’examen d’entrée en médecine qu’il soit accompagné ou non d’une année propédeutique.

    Plusieurs raisons justifient ce choix :

    1.  Notre système d’enseignement supérieur est, selon les études de l’OCDE, un des systèmes les plus inégalitaires d’Europe1. L’hétérogénéité existante entre les diverses écoles secondaires est alarmante et ne confère pas aux étudiants sortant de l’enseignement obligatoire la même préparation pour affronter l’enseignement supérieur. Un examen d’entrée basé sur des sciences fondamentale exclurait aisément des étudiants promis à la réussite mais ayant choisi d’autres options ans l’enseignement obligatoire. Pour exemple, il est intéressant de souligner que divers rapports mettent en exergue que les étudiants réussissant le mieux leurs études de médecine sont issus de latin – grec. De plus, de récents chiffres concernant le taux de bourses d’études ont été publiés et ont montré que dans le Hainaut, les sections universitaires où le nombre d’étudiants boursiers était le plus faible restaient celles caractérisées par la présence d’un examen d’entrée (polytech).
    2. La mise en place d’une année préparatoire donnant, en cas de réussite, l’accès à la première année n’est qu’un leurre compte tenu du contexte fédéral de lissage négatif. En effet, le lissage négatif décidé par Maggie De Block implique un numerus fixus strict, à savoir un nombre de quotas prédéfini chaque année que les facultés ne peuvent pas dépasser. Si l’accès à la première année de médecine est conditionné par un examen d’entrée et/ou par la réussite d’une éventuelle propédeutique, le nombre d’entrants ne sera pas calqué sur les quotas étant donné l’incertitude annuelle du taux de réussites de l’année propédeutique.
    3. Il est connu et démontré que la réussite à l’Université est le fruit de plusieurs aptitudes telles que les origines socio-culturelles, l’environnement familial, les ressources financières, le choix des filières dans le secondaire, le niveau de l’école secondaire, et surtout la capacité d’adaptation à l’enseignement supérieur en ce compris le développement d’une méthode de travail. A cet effet, diverses études scientifiques ont démontré qu’il était impossible de prédire, à l’entrée, la réussite académique future de l’étudiant puisque bien que « promis à la réussite », une part non négligeable des étudiants auront besoin d’une période transitoire d’adaptation et éventuellement de remédiations pour trouver leurs marques et tendre vers la réussite 3-5. La réussite est une dynamique qui s’apprend et se travaille et ce, en grande partie au cours de la première année.
    4. Lorsqu’on la valeur prédictive de la réussite d’un examen d’entrée en médecine basé sur des sciences fondamentales sur la réussite finale du cursus de médecine, les conclusions d’un très grand nombre d’études scientifiques ont révélé qu’à l’heure actuelle, nous ne disposons d’aucune preuve scientifique quant à une corrélation positive entre les résultats à l’examen d’entrée et la réussite finale et professionnelle2, 5. Autrement dit, les pourcentages obtenus à l’examen d’entrée ne sont en rien prédictifs de la réussite finale. Pire, certaines études ont démontré une relation inversement proportionnelle entre la réussite de l’examen d’entrée et les compétences cognitives de réussite professionnelle : les compétences impliquant une maîtrise théorique et/ou technique des matières médicales, les compétences en relations interpersonnelles, en empathie, et l’altruisme 2-5.

    C’est donc pour ces multiples raisons politiques et scientifiques que le Conseil de la Jeunesse tient à rappeler avec force son opposition à l’examen d’entrée, lequel est démontré comme une solution socialement inacceptable. Dans une conjoncture fédérale défavorable aux
    francophones, faute d’une révision du modèle de contingentement, une solution doit être trouvée pour garantir à tous les étudiants en cours de cursus la possibilité d’exercer leur métier ; c’est pourquoi nous défendons l’instauration d’un système de filtre différé de l’entrée. Par ailleurs, nous tenons à rappeler l’importance d’obtenir rapidement les résultats définitifs du cadastre dynamique des spécialités pour adapter les quotas fédéraux aux besoins du terrain.
    Pour le Conseil de la Jeunesse,
    Jérôme LECHIEN
    Président
    Tel. 0498/64.09.19