Avis officiels et positions

    Le Service Citoyen – Derrière la question du Service citoyen : un enjeu bien plus important…

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    2015 / 09 / 21

    Conseil de la Jeunesse – juin 2015 – AVIS OFFICIEL sur le Service Citoyen // Derrière la question du Service citoyen : un enjeu bien plus important…

    La question de la citoyenneté chez les jeunes a refait surface dans l’actualité récente et nous nous en réjouissons. Le Conseil de la Jeunesses’est emparé de cette question au sein de la Commission Participation et Citoyenneté.

    Le monde politique semble être parti du constat que la citoyenneté fait défaut chez de nombreux jeunes, les différentes solutions proposées ont été analysées et débattues. Notre premier étonnement a été le constat en tant que tel. Nous voyons quotidiennement l’investissement des jeunes au sein de la société civile que ce soit dans des organisations de jeunesse, des ASBL ou encore dans des organes participatifs au sein de leurs écoles. Le véritable moteur que les jeunes constituent dans le monde associatif est indéniable.

    Une autre question nous a interpellés : celle de savoir ce qui est identifié comme déficit de citoyenneté chez les jeunes.  Il est en effet difficile de se positionner sur une piste de solution quand nous ne pouvons précisément appréhender la problématique. S’agit-il exactement, d’une difficulté à se reconnaître dans les institutions publiques et dans les politiques menées par nos élus ? Il est vrai que, selon le thermomètre Solidaris, seulement 7% des jeunes entre 18 et 30 ans estiment que nos gouvernants politiques agissent vraiment pour améliorer la qualité de vie de la population et 62% pensent que voter ne permet pas vraiment de changer les choses[1]. Si c’est à cette problématique que le monde politique désire s’attaquer, il nous semble que c’est à ce dernier de remettre ses pratiques en question pour se rapprocher des citoyens et non l’inverse.

    Mais qu’est-ce qui a suscité ce questionnement sur la citoyenneté chez les jeunes ?  Un supposé manque de connaissance des droits et devoirs du citoyen ? Une détérioration du vivre-ensemble ? Un manque de mixité sociale et culturelle ? Nul ne peut le dire.  Il y a en tout cas lieu de se demander pourquoi ce besoin d’un Service Citoyen  se fait soudainement sentir.  Aucune des personnes posant ce constat et proposant des solutions n’a, elle-même, bénéficié d’un tel Service Citoyen….Chacune d’entre elles a reçu, dans son éducation informelle, non-formelle et formelle les outils lui permettant d’une part d’appréhender la société dont elle fait partie et d’en devenir un véritable acteur d’autre part.

    Bien que la problématique de base reste relativement floue, des propositions ont été formulées et deux pistes s’en sont dégagées : le Service Citoyen obligatoire, proposé par Monsieur le député Philippe Goffin et le Service Citoyen Volontaire, qui existe déjà.

    La proposition de Monsieur Goffin a soulevé une première question : « Quid des jeunes qui quittent l’enseignement avantla Rhéto ? ». Par ailleurs, le côté contraignant nous semble contre-productif.  Nous nous étonnons également de voir une proposition sous-tendant que nos servicespublics pourraient accueillir des jeunes en stage quand, malgré nos interpellations, on n’a de cesse de nous répéter qu’il n’y a pas d’emploi disponible pour les jeunes qui en cherchent. Enfin, nous nous interrogeons sur la réelle efficacité d’une expérience de citoyenneté si courte.

    Quant au Service Citoyen Volontaire (SCV), il s’est positionné comme la clé qui permettrait d’ouvrir les yeux de nos jeunes sur la citoyenneté.  Nous sommes loin de nier que le volontariat et les expériences de citoyenneté sont bénéfiques pour nous les jeunes. Cependant, des structures existent déjà (organisations de jeunesse, centres de jeunes, maisons de jeunes) et ont pour objectifs de former des CRACS (Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires). Ces associations voient constamment leur financement raboté, est-il dès lors impensable de financer déjà l’existant ? De plus, cela crée un volontariat à deux vitesses en Belgique francophone, puisque le jeune, s’engageant dans le cadre du SCV, pourra prétendre à un défraiement de 10€ par jour auquel tous les autres jeunes impliqués dans l’associatif n’auront pas accès, même si leur travail sur le terrain est similaire.  En outre, le volontariat est dépeint comme un moyen d’acquérir des compétences.  Cette corrélation est indéniable, mais nous ne pensons pas que l’acquisition de compétences est la fin en soi du volontariat qui rappelons-le, est un engagement et un don de soi pour une cause. L’acquisition de compétences est un bonus plus ou moins grand en fonction du parcours du volontaire. Enfin, ce service est présenté comme une solution miracle à un problème qui nous paraît pourtant bien plus complexe.

    Il nous semble prioritaire de sortir de ce débat et de prendre un peu de hauteur pour optimaliser la citoyenneté chez nos jeunes. Ainsi, au-delà des questions posées, nous proposons de renforcer l’existant, qui fait déjà du très bon travail dans ce domaine mais aussi de favoriser les ponts entre les secteurs de l’éducation non-formelle et celui de l’éducation formelle afin de mettre en place des partenariats pour que des projets soient mis en place afin que l’école devienne un lieu où l’on apprendra la citoyenneté en la vivant.

    Conseil de la Jeunesse

    [1] Thermomètre Solidaris