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    Margaux a participé à la COP30 !

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    2025 / 11 / 24

    Margaux a participé à la COP30. Elle nous raconte !

    Ça y est, je suis de retour de la COP30, avec un choc thermique de –30 °C à l’atterrissage. Finalement, ça va plutôt bien avec l’ambiance du texte adopté par les pays, qui reste étonnamment glacé sur la question des énergies fossiles. L’absence de ces mots pèse lourd, car ce point est un sujet central pour une action climatique cohérente.

    En tant que jeune déléguée ONU pour le climat, j’étais sur place pour représenter les jeunes francophones de Belgique. J’étais accompagnée de Caroline Herman, ma co-déléguée flamande, ainsi que des autres délégué.e.s jeunesse européen.ne.s. Et autour de nous, toute une diversité d’acteur.ice.s : négociateur·ice·s, membres de la société civile (ONG pour l’environnement, la jeunesse, diversité de genre, commerce, etc.), scientifiques et chercheur·euse·s renommé·e·s, activistes, représentant·e·s politiques.

    C’est ça aussi, une COP : un espace où le monde entier se réunit, physiquement, pour discuter de son avenir climatique.

    La COP, ce n’est pas juste deux semaines en conférence : c’est des mois de préparation. Pendant l’année, nous avons participé à des réunions mensuelles avec les autres délégué.e.s européen.ne.s pour aligner nos positions et comprendre les subtilités des sujets. En juin, nous étions à Bonn pour les sessions intermédiaires, ces réunions techniques où se dessinent les premiers contours des textes de décision. De retour en Belgique, nous avons multiplié les rencontres avec les négociateur.ice.s officiel.le.s, le ministre Jean-Luc Crucke et le CFDD, afin de clarifier les priorités et de porter les demandes des jeunes directement dans les discussions nationales.

    Arrivé.e.s à la COP, on entre dans un microcosme où tout va trop vite, trop fort, trop tôt le matin et beaucoup trop tard le soir. On y découvre plusieurs zones. La zone verte, accessible à tout le monde, rassemble quelques pavillons d’entreprises et des artisan.e.s locaux qui vendent toutes sortes de créations. La zone bleue, elle, n’est accessible qu’aux personnes accréditées. C’est là que se trouvent les pavillons des pays et des organisations présentes sur place, et c’est aussi là que se déroulent les fameux side-events : discussions, panels, présentations de projets, et. C’est également dans la zone bleue que se situent les salles de négociation, les plénières et les bureaux des différentes délégations.

    L’ambiance dans cette zone, à Belém, était assez particulière : un bruit constant d’air conditionné poussé au maximum, alors qu’il ne fonctionnait même pas dans les trois quarts des salles — ce qui nous obligeait à sortir nos éventails récoltés un peu partout dans les pavillons. Chaque après-midi, la pluie torrentielle s’ajoutait au brouhaha général et rendait presque impossible d’entendre quoi que ce soit. Heureusement, on avait des écouteurs… qui, eux aussi, fonctionnaient un peu quand ils voulaient.

    En tant que délégué.e.s jeunes, nous avions un pass « party overflow » qui nous donnait la possibilité d’accéder aux salles de négociation pour suivre les dernières évolutions des textes. Avec le réseau européen des délégué·e·s pour le climat, nous nous sommes réparti·e·s quelques thématiques, et j’ai suivi les négociations sur la transition juste.

    Pour nous, la transition écologique ne peut pas se faire au détriment de certaines communautés ou de certains pays : elle doit protéger les plus vulnérables, garantir des emplois et des formations réellement durables, et s’appuyer sur les droits humains, la solidarité internationale et la participation de toutes et tous.

    Les discussions se déroulaient dans le cadre du Just Transition Work Programme, et l’un des enjeux principaux était de déterminer comment la transition juste allait être suivie et mise en œuvre. Avec plusieurs ONG, nous défendions la création du Belém Action Mechanism (BAM), un nouveau dispositif destiné à accompagner les pays dans la concrétisation d’une transition réellement équitable. Nous sommes heureux·ses qu’un mécanisme ait finalement été adopté, mais il est dommage de constater l’absence de quelques points essentiels dont : aucune mention explicite de la sortie des énergies fossiles (comme dans tous les textes sortis de la COP) et aucune référence aux minéraux critiques, qui sont pourtant au cœur des débats sur une transition juste.

    Le quotidien était un mélange de suivi des négociations, de débriefs, de rencontres avec d’autres jeunes avec qui on échangeait sur nos vécus, et de repas-networking le soir. Une fois nos petites habitudes trouvées, on passait de temps en temps prendre un café gratuit dans un pavillon, puis on allait chercher notre lunch végétarien aux saveurs de l’Amazonie. Les journées étaient longues mais passaient étonnamment vite, remplies de découvertes, de discussions et de nouvelles rencontres.

    Certains jours étaient marqués par des moments marquants:

    • intervention lors de la réunion de coordination de l’UE, où on a pu rappeler nos points d’attention et nos inquiétudes devant tous les heads of delegation européen·ne·s
    • rencontre avec la ministre Neven, pour discuter de la position que les jeunes belges souhaitent voir la Belgique défendre au sein de l’UE et des négociations internationales
    • réunion avec Jean-Luc Crucke, des jeunes activistes d’Amérique du Sud et un activiste belge : sans vraiment l’avoir anticipé, je me suis retrouvée à jouer les traductrices improvisées entre plusieurs interlocuteurs. Un peu stressant au début, mais finalement assez amusant, et surtout très révélateur de ce que signifie être à la COP : être flexible, réactif·ve et prêt·e à sortir de sa zone de confort. Et c’était particulièrement fort de voir ces jeunes activistes porter leurs messages directement auprès du ministre, bien plus impactant que si nous avions simplement servi de relais.

    En repartant, je ressens un mélange assez contrasté. Il y a de la frustration face au manque de décisions courageuses sur les énergies fossiles, mais aussi un certain élan né des rencontres et de l’énergie collective sur place.

    Et même si les COP peuvent sembler lentes ou incomplètes, elles restent utiles : elles permettent de fixer des normes communes, de comprendre les rapports de force et d’offrir une plateforme où les petits pays, les populations vulnérables et les mouvements sociaux peuvent défendre leurs intérêts et remettre la justice climatique au centre de l’agenda international.

    Quant au texte final, il affirme vouloir protéger les générations présentes et futures, mais sans mentionner clairement la sortie des énergies fossiles, cette déclaration sonne très creux.

    Cette expérience m’a aussi rappelé que la lutte climatique ne se joue pas uniquement dans les grandes salles de négociation. Elle existe aussi — et parfois surtout — dans les initiatives locales, communautaires et citoyennes, là où le bottom-up avance souvent plus vite que les processus internationaux. Et justement, la COP est un endroit précieux pour partager ces pratiques locales, écouter les vécus de chacun.e et ressentir, en présentiel, la force humaine et émotionnelle qui se cache derrière chaque combat. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a déjà énormément de personnes et de communautés qui construisent au quotidien des transitions justes, concrètes et inspirantes. C’est là qu’il faut continuer à miser, amplifier et célébrer — parce que c’est aussi dans ces espaces que se construit l’espoir.