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    Jean, délégué développement durable, était au HLPF !

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    2023 / 07 / 24

    Jean, délégué ONU pour le développement durable du Forum des Jeunes, a participé au HLPF en juillet 2023. Il nous raconte son expérience à New York ! 

    C’est quoi cet événement?

    Le HLPF est l’acronyme de High Level Political Forum. Il s’agit d’un sommet de l’ONU annuel sur le développement durable réunissant tous les États membres (plus de 190 nations) au Quartier Général de l’ONU à New York. C’est un petit peu comme la COP climat,  mais pour le développement durable !

    Cette thématique, qui englobe celle du climat, est très vaste. Elle vise à (ré)concilier les enjeux environnementaux, sociaux et économiques. Lors du sommet de 2015, l’ONU a lancé le programme très ambitieux des Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’Agenda 2030 qui l’accompagne. Ces objectifs sont au nombre de 17 et visent à être tous réalisés d’ici 2030. Ces objectifs sont liés les uns aux autres de manière transversale. Par exemple, se nourrir de manière saine et durable aura évidemment un effet positif sur la santé ! Ainsi, avancer sur un objectif permettra d’avancer sur d’autres objectifs, et au contraire, reculer sur un objectif fera reculer certains autres…

    Une des grandes caractéristiques de l’Agenda 2030 est que les États membres sont invités à présenter, sur base volontaire lors du HLPF, un état des lieux de l’implémentation des ODD sur leur territoire, aussi appelé VNR ou Voluntary National Review. Une quarantaine d’États présentent cet examen chaque année. La Belgique s’était pliée à cet exercice en 2017 et s’y est à nouveau pliée cette année.

    Avec mon homologue flamand du Vlaamse Jeugdraad, Simon Sterck, nous avons donc participé au HLPF pour représenter la jeunesse belge et nous nous sommes focalisés  sur quatre thématiques principales pour mener notre plaidoyer politique :

    Une mobilité (inter)nationale abordable, efficace, respectueuse de l’environnement et sûre Des logements salubres et abordables pour tou·te·s
    Une éducation à l’environnement et aux enjeux de la transition socio-écologique transversale et intégrée durablement dans les cursus scolaire Une prévention et un accès aux soins concernant le problème croissant de santé mentale chez les jeunes

    Vous avez fait quoi ?

    Le sommet ayant duré près de deux semaines, il est évident que Simon et moi avons beaucoup travaillé !

    Tout d’abord, le but principal est de représenter la jeunesse sur les questions présentées ci-dessus, pour que celle-ci soit incluse davantage dans les prises de décisions et que nos recommandations deviennent des réalités. Pour ce faire, nous avons participé aux séances plénières et interpellé les États, participé activement aux side-events, rencontré des ministres, diplomates et la société civile afin d’échanger nos points de vue et d’influencer les décisions, et donner des interviews pour être présents médiatiquement.

    Malheureusement, la Belgique n’a pas voulu (ou n’a pas pu) occuper sa place sur la scène internationale et nous étions donc régulièrement simples spectateurs lors des séances plénières. C’est pourquoi nous avons misé sur notre présence lors des side-events, et nous avons fait en sorte de rencontrer un maximum de personnes. Nous avons participé à des side-events organisés par l’ESDN (European Sustainable Development Network), par la FAO (Food and Agriculture Organization), par l’UE, par des associations d’adolescent·e·s, par la société civile, par certains pays comme l’Irlande et la Finlande, etc. Plein d’occasions pour prendre la parole et exposer les points d’attention ci-dessus !

    Parallèlement, nous avons rencontré de nombreuses personnes, allant des diplomates de la mission belge à l’ONU jusqu’à des coordinateurs de la société civile, mais aussi des hauts fonctionnaires de certaines cellules de l’ONU. Et surtout, on a rencontré beaucoup de jeunes ! 

    Concernant la VNR belge, c’était une des plus auto-critiques et des plus honnêtes auxquelles j’ai assisté. Très clairement, il y a encore beaucoup de travail à fournir pour atteindre les ODD (de manière globale, seuls 12% de l’ensemble des ODDs sont en bonne voie et 30% d’entre eux stagnent ou reculent, alors qu’on est à mi-chemin de l’Agenda 2030). Nous avons donc apprécié ce regard critique sur les efforts fournis, et ceux qu’il reste à fournir.

    De plus, il s’avérait que Simon et moi étions les seuls représentants de la Société civile présents sur place lors de la VNR belge. Du coup, nous avons prononcé un discours critique au nom de la société civile belge, co construit avec les acteurs de nombreuses associations œuvrant dans le milieu de la durabilité en Belgique (que vous pouvez retrouver ici).

    Comment c’était ?

    Participer au HLPF est une expérience inoubliable. C’est le côté très institutionnel de la lutte, et je pense sincèrement qu’il aurait été difficile de faire beaucoup plus que ce que nous avons fait. Simon et moi avons souvent eu le sentiment d’être écoutés, ce qui est positif. Ce sentiment était partagé par les autres délégué·e·s venu·e·s d’autres pays. A voir, maintenant, comment ça se traduit dans les déclarations politiques et surtout dans les actions menées en Belgique et dans le monde.

    J’ai aussi appris énormément. Que ce soient les problèmes propres à la Belgique, ou le fait d’assister en direct au fonctionnement de l’ONU, avec ses nombreuses discussions diplomatiques et politiques couvrant un sens profond, j’ai été époustouflé ! L’ONU est un beau projet qu’il faut protéger, entretenir, nourrir. C’était immense de pouvoir voir de mes propres yeux tous ces pays se réunir, échanger, parfois sous tension. L’ONU s’essouffle malheureusement dans ce monde qui brûle, où les inégalités se creusent et où la guerre se montre toujours plus menaçante. A nous de le revitaliser, et de croire en ce grand projet de paix !

    Et finalement, New York est une ville extraordinaire. Une ville où tous les bons et les mauvais côtés de l’Europe sont amplifiés à leur paroxysme : des activités innombrables, ouvertes à tou·te·s et inclusives, mais des inégalités criantes et d’une violence inouïe. 

    Une anecdote drôle ?

    Honnêtement, beaucoup de choses me viennent en tête ! Mais le plus drôle, sans doute… vient du fait que j’ai prétendu plus haut n’avoir pris la parole qu’une fois en plénière. Ce n’est pas tout à fait vrai.

    La France présentait aussi sa VNR cette année. Cependant, la société civile française n’a pas pu venir sur place pour présenter sa vision. Comme j’avais été mis en contact avec le coordinateur des sociétés civiles pour la VNR belge, celui-ci est venu me demander de lire le texte de la société civile française, en tant que francophone. 

    A la fin de mon discours, c’est un essaim de Français·es qui sont venu·e·s vers moi pour me demander qui j’étais et quelle organisation je représentais, me donner leurs cartes de visite, etc. J’avais beau expliquer que j’étais belge et que je m’étais uniquement contenté de lire un texte, ça n’avait pas l’air de percuter ! Toutes ces personnes m’ont tenu la jambe pendant au moins 15 minutes ! De plus, certains Français ont vécu comme un affront qu’un Belge prenne la parole au nom d’associations françaises.