Les Jeunes, la Paix et la Sécurité
En décembre 2015, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2250 sur les Jeunes, la Paix et la Sécurité, faisant ainsi un pas important vers la reconnaissance du rôle des jeunes en tant qu’acteurs de la paix et de la sécurité internationales. La Résolution représente une reconnaissance sans précédent de l’urgente nécessité de mobiliser les jeunes pour la prévention et le règlement des conflits. Elle définit également les jeunes et les organisations dirigées par des jeunes comme des partenaires importants dans les efforts mondiaux visant à lutter contre l’extrémisme violent et promouvoir une paix durable.
En mars 2020, le Secrétaire général des Nations Unies publie un premier rapport sur l’application de ladite résolution, intitulé « Les jeunes, la paix et la sécurité ». Sur base de ce rapport, le Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est réuni le 27 avril dernier pour discuter du rôle et de place des jeunes de sécurité et de paix internationales.
Les délégués ONU pour la Jeunesse du Forum des Jeunes, François et Oriane, ont eu la chance de co-écrire l’intervention de la Belgique en collaboration avec leurs homologues néerlandophones et les Affaires étrangères.
Visionnez la visioconférence du Conseil de Sécurité à (1:39:00).
Envie de savoir comment les jeunes peuvent contribuer à la paix et à la sécurité ? Visionner le témoignage des délégué·e·s ONU pour la jeunesse au niveau francophone et néerlandophone.
Intervention belge au Conseil de Sécurité des Nations Unies
Monsieur le Président/Madame la Présidente, Chers délégués,
C’est au nom des jeunes de Belgique que je m’adresse à vous aujourd’hui. En effet, la présente intervention a été rédigée par les représentants des organisations de jeunesse belges, via le programme « Jeunes délégués ONU ». Cet important dispositif, qui gagnerait à être généralisé au sein de tous les Etats membres, donne aux jeunes une voix au sein des Nations Unies. Il est essentiel d’écouter leur message.
En tant que jeunes délégués, nous accueillons très positivement le rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité. De notre point de vue, les Nations Unies doivent favoriser une participation des jeunes qui se veut libre, active et significative. L’opportunité qui nous est offerte aujourd’hui en est un exemple concret. Il reste, cependant, de nombreux défis auxquels les jeunes sont confrontés. A ce titre, nous soulèverons deux problématiques cruciales pour la paix et la sécurité des jeunes dans le monde : le changement climatique et les discours de haine.
D’une part, nous joignons notre voix à celle du Gouvernement belge, en affirmant que le climat et la sécurité sont intimement liés. Le changement climatique constitue non seulement une menace directe pour la vie de milliards de personne, mais exacerbe aussi les situations d’insécurité existantes, dont les jeunes comptent trop souvent parmi les premières victimes. Ainsi, rappelons que les Etats les plus fragiles sont souvent ceux dont la population est la plus jeune. Notre génération, d’où qu’elle vienne, sera la première impactée par les changements climatiques et a donc plus que jamais son mot à dire en la matière. Rappelons par exemple que d’ici 2050, la moitié de la population vivant en Afrique aura moins de 25 ans. En 2019, notre mobilisation historique a démontré que nous représentions une force considérable et positive dans ce combat pour la survie même de notre civilisation. À l’avenir, nous vous demandons d’étendre et de systématiser notre participation, par exemple en nous invitant comme ‘informateurs’ dans les discussions relatives au climat et à la sécurité.
D’autre part, l’exclusion sociale, l’intolérance et le racisme constituent des menaces auxquelles il faut répondre sans plus attendre. Ces phénomènes nourrissent en effet des discours de haine, dont nous sommes les principales victimes, que ce soit comme cibles directes ou comme par le biais de l’endoctrinement. L’extrémisme et les actes violents qui découlent parfois de tels discours ne pourront être prévenus de manière efficace que si nos sociétés offrent à chaque jeune des perspectives d’inclusion et d’épanouissement. Ce défi nécessite la mobilisation de toutes les générations, depuis le niveau local, jusqu’aux responsables politiques nationaux et internationaux. En ce sens, nous soutenons le projet « No Hate Speech » du Conseil de l’Europe, ainsi que les campagnes nationales qui y sont affiliées et qui permettent la nécessaire prise en compte des spécificités culturelles de chaque pays.
Dans ce contexte, Internet apparaît comme une véritable lame à double tranchant. Utilisé à bon escient, il permet à chacun d’accéder librement à l’information et constitue à ce titre un puissant outil d’émancipation. En revanche, sans régulation adéquate, il permet la propagation de fausses informations, l’auto-radicalisation, ainsi que l’exploitation pernicieuse de données personnelles. : Les autorités, tant au niveau national qu’international, doivent tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des jeunes en ligne. Nous demandons à ce qu’elles agissent, de concert avec les entreprises privées et la société civile, pour mieux protéger la vie privée des utilisateurs d’Internet, pour combattre les fake news et pour permettre un accès qualitatif à l’information. Ceci peut notamment passer par la création d’une plateforme rassemblant toute l’information pertinente pour les jeunes et l’adoption de labels clairs et distincts pour attester de sa qualité. La nature même d’Internet nécessite que sa régulation soit pensée à un niveau global. Les Nations Unies constituent le forum par excellence pour coordonner l’indispensable action mondiale en la matière.
Aujourd’hui, nous plaidons pour une participation libre, active et significative des jeunes de tout Etat, en particulier concernant les enjeux de paix et de sécurité. Le rôle fondamental de la jeunesse dans la création et le maintien de la paix et de la sécurité internationales est désormais reconnu par la communauté internationale. Nous accueillons avec satisfaction les efforts entrepris par les Etats membres dans la mise en œuvre des Résolutions 2250 et 2419 et saluons l’étude indépendante “Les absents de la paix” sur les jeunes, la paix et la sécurité, réalisée à la demande du Secrétaire général des Nations Unies. Toutefois, une attention particulière doit être accordée aux menaces que représentent le changement climatique et la propagation des discours de haine pour la sécurité des jeunes. Nous demandons, dès lors, aux Etats membres de prendre de nouveaux engagements concrets, afin de créer, en partenariat avec les jeunes, une société qui leur garantisse durablement paix et sécurité. Faisons de l’année 2020, qui marque le 75e anniversaire des Nations Unies, un exemple en ce sens.