La COP25 s’est déroulée début décembre 2019 et Esmeralda, déléguée ONU pour le Climat du Forum des Jeunes y a participé et y a porté les opinions des jeunes belges francophones. Immersion au cœur des négociations, urgence climatique, inaction politique… quelles sont les conclusions de cette COP ? Les voix des jeunes ont-elles été entendues ? Découvrez ici le témoignage d’Esmeralda.
Pourrais-tu nous rappeler ce qu’est la COP25 ?
La Conférence des Parties sur les changements climatiques, ou COP, est un événement annuel rassemblant les Etats du monde ainsi que des acteurs de la société civile, afin de donner une réponse globale aux problèmes liés au réchauffement climatique. La vingt-cinquième édition s’est tenue à Madrid du 2 au 15 décembre 2019, et était présidée par le Chili.
Quel était ton rôle durant cet événement ?
En tant que jeune déléguée ONU pour le climat, j’ai pu intégrer la délégation belge afin de découvrir la COP de l’intérieur. Pourtant, pas question pour moi de négocier au nom de la Belgique. Mon rôle était plutôt de réclamer davantage d’ambition climatique pour les Etats et surtout, pour la Belgique.
En effet, si les différents pays ne se mettent pas d’accord pour réduire leurs émissions et s’adapter aux changements climatiques, ce sont nous, les jeunes et les générations futures, qui allons devoir assumer les conséquences de cette inaction.
Afin d’avoir le poids le plus important possible, il est important de comprendre comment fonctionne la COP, de connaître les sujets qui y sont traités, le langage des négociations, ainsi que d’utiliser les différents canaux possibles pour avoir un impact :
- participer aux mobilisations (manifestations et actions diverses) durant la COP ;
- rencontrer les politiques ;
- travailler avec d’autres jeunes du monde entier ;
- faire des speechs pour présenter le point de vue jeune ;
- utiliser les réseaux sociaux ;
- ….
Les opinions des jeunes ont-elles eu un impact ?
Entre avril et septembre 2019, j’ai mené une enquête pour récolter l’avis des jeunes sur le climat et la biodiversité. Avec l’aide du Forum des Jeunes, 639 personnes ont été questionnées. En me basant sur les conclusions de cette enquête, j’ai plaidé en faveur d’une plus grande intégration de la biodiversité dans la recherche de solutions au changement climatique. En effet, d’après la consultation, les deux problématiques étaient tout aussi importantes aux yeux des jeunes de 16 à 30 ans.
Ainsi, j’ai pu défendre ce point de vue lors de l’EU Ocean Day, mais également lors d’un événement organisé par le Nordic Council durant la COP25. J’ai aussi coordonné le groupe de travail sur la biodiversité de YOUNGO, le groupe de jeunes du monde entier à la COP. Bonne nouvelle, le plaidoyer des jeunes a été entendu et le document final de la COP mentionne que la prochaine session de négociations, en juin à Bonn, comprendra des travaux sur la biodiversité terrestre et marine !
Où se positionne la Belgique en matière de climat ?
La Belgique est en cas particulier. En effet, nous avons quatre entités compétentes en matière de climat : le niveau fédéral, la Région flamande, la Région wallonne, ainsi que la Région de Bruxelles-Capitale. Il faut donc d’abord que ces quatre entités se mettent d’accord sur chaque point car les négociations se font pour la Belgique entière.
Notre pays ne se positionne généralement pas parmi les plus ambitieux, il est donc d’autant plus important de rencontrer les différents ministres afin de plaider pour de meilleures décisions pour le climat, en incluant les jeunes dans le processus de prise de décisions.
Quelles sont les conclusions de cette COP25 ?
Prolongée de deux jours et deux nuits, la COP25 n’a clairement pas répondu aux attentes des millions de personnes descendues dans les rues pour plus d’action climatique en 2019. En effet, les Etats ont peiné à se mettre d’accord, et les pays les moins ambitieux (Brésil, USA, Arabie Saoudite…) ont tiré les résultats vers le bas.
Du coup, pour résumer :
- certaines décisions ont été reportées à la prochaine COP ;
- les pays en développement n’ont pas obtenu suffisamment de moyens pour s’adapter aux changements climatiques (alors qu’ils ont émis le moins de gaz à effet de serre) ;
- les contributions volontaires des différents pays ne permettront pas, en l’état actuel, de rester sous la barre des 1,5°C (ou même des 2°C), comme indiqué dans l’Accord de Paris.
Seul point positif : le « Gender Action Plan » (plan sur l’égalité homme-femme en matière de climat) a été revu à la hausse.
Et toi, que retiens-tu de cette COP ?
La lenteur et le manque d’ambition des négociations ne permettent clairement pas de répondre à l’urgence de la situation. Partout dans le monde, des initiatives émergent au niveau local pour une planète bas-carbone mais sans soutien du monde politique, nous ne parviendrons pas à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici la fin du siècle.
D’un côté, les conclusions de la COP m’amènent à un certain pessimisme. Les chances de conserver une planète viable s’amenuisent et les sommets onusiens comme la COP ne semblent pas servir l’intérêt de la grande majorité de la population. Certains Etats subissent déjà de plein fouet les effets du changement climatique, et d’autres font la sourde oreille.
D’un autre côté, ces résultats me donnent envie de continuer à me battre pour un monde plus vert et plus solidaire et les mouvements lancés par les jeunes depuis la COP précédente ne vont pas s’arrêter. Nous, les jeunes, avons un rôle important à jouer pour stimuler un changement systémique, indispensable pour garantir la viabilité de notre planète pour les jeunes et les générations futures.